Le seul objectif ici est de mettre devant le fait accompli les députés de la majorité qui grondent, tout comme nombre de leurs collègues du centre et de l'opposition. Plusieurs d'entre eux sont en effet conscients que le texte du Sénat est irréconciliable avec celui voté en mars à l'Assemblée, sauf à sacrifier le logiciel libre et l'intéropérabilité (en plus de tout ce qui l'a déjà été). Qui plus est, le Sénat a eu la brillante idée d'introduire des dispositions visant à instaurer une surveillance généralisée des communications électroniques ...

Une nouvelle navette parlementaire est donc nécessaire. Elle serait conforme à l'engagement pris à plusieurs reprises au cours des débats par Renaud Donnedieu de Vabres en cas de divergences majeures entre les deux chambres.

Si le ministre confirmait l'incurie de ses collaborateurs en demandant la convocation d'une CMP, et si cette dernière était acceptée par Matignon, cela démontrerait bien que le passage en force est définitivement la norme de dysfonctionnement du gouvernement Villepin. Cela illustrerait de plus que ce ne sont vraiment plus les parlementaires qui font la loi, mais bien des technocrates à la solde de grands groupes comme Vivendi ou Lagardère, qui prennent la République pour un self-service d'intérêts particuliers et la représentation nationale pour une assemblée de valets.

Sauf sursaut d'indépendance des députés de la majorité, le rôle du Parlement se résumerait alors une nouvelle fois - n'en déplaise au président de groupe Bernard Accoyer - à une «chambre d'enregistrement», sur laquelle Nicolas Sarkozy lui-même intervient aussi directement pour renforcer la répression et faire marcher au pas les parlementaires. (*)

Car s'il y a bien un point où le Premier Ministre et le chef de parti Sarkozy se rejoignent, c'est bien dans l'autoritarisme.

L'initiative EUCD.INFO invite donc tous ses soutiens à contacter les députés, surtout UMP, pour qu'ils prennent publiquement position sur ce sujet et défendent bruyamment leur droit de légiférer en conscience, au service de l'intérêt général, et dans des conditions décentes sur un sujet complexe.

Dans le cas contraire, autant supprimer le Parlement - ce qui réduirait les déficits publics à défaut de renforcer la démocratie- et donner tout de suite les pleins pouvoirs à Nicolas Sarkozy.


(*) tout comme il l'a fait en mars dernier pour que soient votés les amendements Vivendi, et sans doute récemment au Sénat quand le rapporteur a voulu supprimer l'article 14 quater au nom de la sécurité juridique des acteurs de l'internet